Benoît Dequick
Responsable de l'équipe accessibilité
Direction interministérielle du Numérique (DINUM)
L’accès des citoyens à leurs droits, le bon fonctionnement de l’administration et la transformation de l’action publique dépendent pour une large part de la qualité des services numériques que l’État est en mesure d’offrir à ses usagers (plus de détails dans notre article). Pour cela, les métiers du design et de l’accessibilité sont indispensables, mais ils restent souvent mal connus ou mal mis en œuvre. Pour les incarner, nous donnons la parole à nos expertes et experts.
Aujourd’hui, Benoît Dequick, responsable de l’équipe accessibilité.
Quel est ton parcours ?
Ça fait bien (trop) longtemps que je travaille dans le domaine de l’accessibillité numérique...
Après un passage vraiment très formateur en agence, j’ai rejoint le service public et la Dila (Direction à l’information légale et administrative) où j’ai passé 10 ans comme responsable d’une équipe en charge d’intégration HTML et d’accessibilité numérique. Ma mission était de faire en sorte que les sites web de la Dila - comme service-public.fr ou vie-publique.fr - s’adressent vraiment à toutes et à tous. Le principal enseignement que j’en ai tiré, c’est que si l’accessibilité numérique n’est pas prise en compte dès le début et durant tout le projet, le résultat ne sera pas rattrapable en fin de projet et le site sera forcément inaccessible aux personnes handicapées.
J’ai rejoint la Dinum en 2020 pour développer des outils et des ressources pour une meilleure prise en compte de l’accessibilité dans les équipes.
Ta mission, c’est quoi pour toi ?
M’assurer que tous les services publics numériques soient utilisables par tout le monde. En m’appuyant sur les trois axes suivants :
D’abord, je sensibilise et je forme les agents et agentes travaillant dans le numérique. Je les aide et les outille afin que, dans leurs projets, ils et elles prennent bien en compte tout le monde, notamment les personnes handicapées. Le principal frein à la généralisation de services numériques accessibles est la méconnaissance du sujet de la part de tous les parties : direction, gestion de projets, conception, développement...
Ensuite, je pilote une équipe d’experts et expertes accessibilité. Cette équipe réalise des diagnostics d’accessibilité et des audits de conformité au RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) pour différents ministères ou opérateurs.
Au-delà des audits et recommandations, je dois souvent rappeler que l’audit ne sert qu’à objectiver la bonne prise en compte de l’accessibilité. Autrement dit, il n’a pas pour vocation de rendre accessible un site : si l’accessibilité n’a pas été prise en compte, le site n’est pas - n’est jamais - accessible.
J’aime bien dire qu’aucun service numérique n’a jamais été accessible par accident.
Enfin, je développe des outils afin que chacun puisse prendre en compte et améliorer à son niveau la qualité des interfaces, notamment le Jeu de l’OAA pour les décideurs et décideuses, Ara pour les auditeurs et auditrices, ainsi que la Checklist Pidila et Diagnostic flash pour tout le monde.
À quoi ressemblent tes activités types ?
Difficile de parler d’« activités types » dans mon quotidien.
J’aimerais cependant mettre l’accent sur un des aspects de mes missions, les accompagnements que nous proposons : soit nous identifions des services qui doivent être améliorés, soit des administrations entrent en contact avec nous. Dans les deux cas, l’objectif est de proposer notre expertise et de travailler avec les équipes concernées. Il s’agit alors, avec elles, de mettre les mains dans le code pour améliorer les services et les processus.
Au-delà de cette intervention ponctuelle, l’objectif est bien sûr de faire monter les équipes en compétences et de créer une synergie qui permettra une toujours meilleure prise en compte de l’accessibilité numérique dans les services publics.
Le projet qui t’a le plus marqué et pourquoi ?
Je vais me permettre d’en citer deux ;)
Le Diagnostic flash permet aux agents et agentes qui travaillent sur des services numériques de s’approprier le sujet simplement, de se faire un avis sur la prise en compte (ou non) de l’accessibilité et d’être en capacité de challenger leurs prestataires.
Et le système de design de l’État !
Porté par le SIG (Service d’information du gouvernement), qui nous a associés pour les aspects relatifs à l’accessibilité. Une belle réussite qui permet de meilleurs services numériques en proposant des composants web prêts à l’emploi et accessibles.
Un service public en ligne que tu aimes particulièrement ?
La « Déclaration de bicyclette », sans hésiter !
C’est un service qui n’existe pas (encore), créé comme exercice pour les formations. J’y ai mis les principales erreurs que l’on rencontre sur les - vrais - services en ligne. Voir les participants et les participantes les trouver et s’insurger contre chacune d’entre elles, avec la compréhension de leurs conséquences, reste un très grand plaisir !