Questions - Réponses
À DesignGouv, on a fait le point sur plusieurs questions qu’on nous pose régulièrement et qui nous semblent importantes, ainsi que sur les questions qu’on nous pose rarement alors qu’elles nous semblent importantes. On vous partage nos réponses.
Sensibiliser
Effectivement, faire comprendre le design et l'accessibilité numérique demande des propos clairs, de la pédagogie, des exemples concrets et de la patience. S’il vous manque un ou plusieurs de ces aspects, nos contenus vidéo sont là pour ça, vous pouvez vous en emparer !
- 6 réponses à des idées reçues sur le design et l’accessibilité.
- 20 vidéos de cas concrets sur l’accessibilité parmi lesquels « Comment naviguer au clavier quand on est non-voyant ? », « Comment organiser des visioconférences accessibles ? », « Passer du texte à la parole » et « Proposer un contenu clair ».
Toutes les vidéos sont également visionnables - et téléchargeables ! - sur Peertube !
Dans un autre registre, la Métropole de Lyon a créé jeu de société qu’ils ont nommés « Inclusif ». C'est une parfaite approche aux thématiques de l'inclusion, du design et de l'accessibilité numérique pour toutes les équipes projets en charge d'un site ou d'une démarche en ligne. On le recommande sans réserve !
Notre conseil : lisez bien TOUTES les « cartes solutions » et pas seulement celles des thématiques où vous avez identifié des faiblesses ! C'est en lisant ces cartes que vous vous rendrez compte de lacunes que vous ignoriez…
Vous pouvez contacter l’équipe (inclusionnumerique@grandlyon.com) et télécharger les fichiers sources du jeu.
Merci de venir d’être venu partager votre ressenti. Il s’agit certainement d’une question purement rhétorique destinée à faire valoir des compétences et une expérience que nous ne contestons pas, même s’il y a un soupçon de suffisance dans la formulation ; nous allons malgré tout prendre le temps de répondre.
Pour que nous parlions bien de la même chose : le design, ça n’est pas l’aspect esthétique que l’on rend original ou moderne - c’est même le contraire de tout ce qui est superficiel. Le mot en français le plus proche pour traduire « design », c’est « conception ».
Ugo Dessertine, Responsable du design à DesignGouv, l’a expliqué dans une vidéo :
- Idée reçue : Le design, c’est esthétique, ça passe après (vidéo sur PeerTube, 1 minute 24, téléchargeable)
- Idée reçue : Le design, c’est esthétique, ça passe après (vidéo sur YouTube, 1 minute 24)
Extrait :
Parfois, on réduit le design à des aspects esthétiques, quelque chose que l’on pourrait ajouter par-dessus, à la fin, comme on peint un mur après l’avoir construit. Mais le design, ce n’est pas la peinture, c’est la maison toute entière […]. Le design, c’est en ensemble de pratiques et de techniques, mises en œuvre par les experts que sont les designers, et qui visent à créer des produits et services simples, utiles, inclusifs, humains, frugaux.
Quant aux tests utilisateurs, ce n’est pas une lubie de spécialistes en mal de reconnaissance ; c’est la différence entre un service qui répond bien et simplement au besoin des usagers et un service qui correspond à l’image que l’administration a de ses usagers. Éh bien, ça n’est pas du tout la même chose (sur ce sujet, voyez aussi la réponse à la question « Je n’ai pas d’utilisateurs handicapés, suis-je concerné par l’accessibilité numérique ? »). Il n’y a qu’à penser à la propension que nous avons à utiliser sigles et acronymes sans même penser à les expliciter ; maintenant, projetez cette tendance à la conception d’une démarche en ligne, avec tout ce que cela inclus en termes de choix.
Marie Pourcher, responsable de l’équipe recherche utilisateur à DesignGouv, résume les enjeux dans une vidéo :
- Idée reçue : Pas le temps pour des tests utilisateurs (vidéo sur PeerTube, 1 minute 41, téléchargeable)
- Idée reçue : Pas le temps pour des tests utilisateurs (vidéo sur YouTube, 1 minute 41)
Extrait :
Tester son site […] permet, entre autre : 1. d'identifier les points bloquants et les points positifs de l'interface ; 2. d’améliorer l'expérience sans perdre de vue les besoins réels des utilisateurs ; 3. d’aligner l’ensemble des membres de l’équipe projet. Fini les débats interminables sur le positionnement d’un bouton !
[…] Et cela évite des correctifs coûteux, voire la mise en ligne d’un service inutilisable, ou pire, inutile.
Ni le design, ni les tests utilisateurs ne sont en eux-mêmes coûteux ; il s’agit d’une méthode qui évite les erreurs et les correctifs en urgence après la mise en ligne du service (et ça, c’est coûteux !).
Le design et les tests usagers permettent de répondre aux besoins des usagers (y compris des agents), la question d’origine reformulée serait donc : « Je n’ai ni le temps ni les ressources pour la nouvelle mode de répondre aux besoins des usagers, est-ce qu’on peut passer à autre chose ? ». Éh bien non.
« Bonne question », comme on dit aux questions contrariantes parce que la réponse est épineuse et incertaine. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) expose la problématique dans l’édition 2024 du Handicap en chiffres (PDF, 2,29 Mo) :
L’absence d’un chiffre unique du handicap répond en réalité à la pluralité des façons d’appréhender cette notion, ayant chacune leur pertinence et méritant d’être croisées pour éclairer ses différentes facettes. Le dénombrement des personnes handicapées est sensible aux critères retenus pour repérer statistiquement ces dernières.
Ce qui se traduit, en termes de chiffres :
Ainsi, en 2022, en France métropolitaine, 14,5 millions de personnes de 15 ans ou plus (28%) déclarent avoir au moins une limitation fonctionnelle sévère (comme avoir des problèmes de vue ou d’audition malgré une correction, des difficultés pour monter un escalier, des trous de mémoire fréquents, des difficultés à se faire comprendre des autres, etc.) et 5,4 millions (10%) déclarent être fortement restreintes dans des activités essentielles du quotidien (se coucher et se lever, s’habiller, faire ses courses, manger et boire, se laver, etc.).
Au total, en France […], le nombre d’enfants et d’adultes handicapés (de 5 ans ou plus) […] peut varier selon le critère ou le croisement de critères utilisés de 5,7 millions à 18,2 millions de personnes.
Il existe par ailleurs des chiffres éparses qui dépendent de l’année (la population augmente), du périmètre (certains calculs se basent sur la population de plus de 15 ans), de ce qu’on inclut dans les handicaps, de comment on définit chacun d’entre eux, du fait qu’une personne peut cumuler plusieurs handicaps… Nous avons regroupé un certains nombres de sources sur les chiffres du handicaps (et de l’illectronisme) sur une page dédiée, et nous en avons déduis les chiffres suivants pour la prévalence du handicap en France :
- Vue : 2 millions
- Daltonisme : 3,3 millions
- Audition : 5,4 millions
- Motricité : 2,3 millions
- Intellectuel / mental : 5 à 6 millions
- Dyslexie : 6,6 millions
- Mais aussi… Éloignés du numérique : 18 millions
En 2023, notre collègue Erwan avait exposé les principaux chiffres de la prévalence du handicap en France dans une courte vidéo :
- Handicap : les chiffres clés (vidéo sur PeerTube, 1 minute 07, téléchargeable)
- Handicap : les chiffres clés (vidéo sur YouTube, 1 minute 07)
Il semblerait que l’affirmation selon laquelle 80% des handicaps sont invisibles ne soit pas sourcée (mais on peut dire sans risque de se tromper que beaucoup de handicaps sont invisibles).
Voilà !
Revêtez-vous de votre plus beau sourire et, avec le tact et la diplomatie que ce genre de situation requiert, faites valoir les aspects suivants (normalement le premier devrait suffire mais par souci d’exhaustivité nous indiquons également les autres). L’accessibilité numérique, c’est :
- Pour des services utilisables par toutes et tous (l’inaccessibilité, c’est l’exclusion !).
- Pour respecter la loi.
-
Pour éviter les sanctions financières. La loi prévoit des sanctions par service, tous les 6 mois :
- 25.000€ pour défaut d’affichage ;
-
50.000€ pour défaut d’accessibilité.
Par ailleurs, si l’exclusion d’usagers - y compris les agents - se traduit en discriminations, le Code pénal s’applique.
- Pour obtenir l’agrément du SIG (service d’information du gouvernement) nécessaire aux services de l’État pour mettre un site en ligne.
- Pour éviter les surcoûts des corrections a posteriori.
comment une personne aveugle navigue sur internet (vidéo sur PeerTube, 3 minutes 54, téléchargeable).
Vous pouvez aussi montrer par exempleOn vous envoie plein de bonnes ondes !
Bonne question !
Effectivement, la législation sur l’accessibilité numérique évolue avec l’adoption de la directive européenne en matière d’accessibilité des produits et des services, applicable depuis le 28 juin 2025.
La directive impose désormais aux opérateurs économiques de garantir l’accessibilité de nombreux produits et services. Sont concernés, entre autres :
- les ordinateurs, smartphones, guichets automatiques et terminaux de paiement ;
- les services de téléphonie, bancaires, de transport et de commerce électronique ;
- les livres numériques et les services associés.
Les informations officielles sur ce sujet sont décrites sur le site handicap.gouv.fr et sur celui de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) : on a recensé les sujets traités et les liens utiles dans notre article Mieux comprendre la directive européenne en matière d’accessibilité.
Pour mémoire, les services publics et les entreprises à compter d’un seuil de chiffre d’affaires de 250 millions d’euros doivent aussi et toujours se conformer au Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA).
Jamshid Kohandel, juriste dans l’équipe DesignGouv, explique en vidéo comment il procède et quels sont quelques-uns des problèmes d’accessibilité qu’il rencontre : information indiquée uniquement par la couleur, absence d’alternative aux images porteuses de sens…
- Comment naviguer sur le web quand on est non-voyant ? (vidéo sur PeerTube, 2 minutes 32, téléchargeable)
- Comment naviguer sur le web quand on est non-voyant ? (vidéo sur YouTube, 2 minutes 32)
Il avait déjà eu l’occasion de montrer comment il utilise ses aides techniques dans une vidéo plus complète mais beaucoup moins bien produite et plus authentique :
- Aides techniques : usage d'une plage braille et d'une synthèse vocale par une personne non-voyante (vidéo sur PeerTube, 3 minutes 54, téléchargeable)
- Aides techniques : usage d’une plage braille et d’une synthèse vocale par une personne non-voyante (vidéo sur YouTube, 3 minutes 54)
Comme Jamshid le dit : « Cela montre quand même l’efficacité des mesures d’accessibilité à prévoir sur une page web […], mais les petites erreurs peuvent quand même tout compromettre. Même une seule. »
Améliorer
Bon réflexe ! L’accessibilité des services publics numériques dépend de sa bonne prise en compte tout au long du projet et de la vie du service. Les prestataires sélectionnés doivent être compétents sur cet aspect.
La rédaction des marchés publics et l’analyse des offres des répondants permettent de limiter les risques de non - ou mauvaise - prise en compte de l’accessibilité numérique. Nous avons listé les différents éléments, entre explicitation des exigences dans la rédaction du marché et analyse des compétences et de l’organisation des répondants, dans un article.
Il existe deux réponses à cette question : non et oui.
- Si non : faites un Diagnostic flash, il permet d’estimer de manière rapide et partielle l’accessibilité d’un site ou d’un service en ligne, sans avoir d’expertise particulière. Attention : il s’agit d’un premier aperçu qui ne remplace en rien le travail d’un expert.
- Si oui : ça n’exclut pas de s’approprier le sujet et de contrôler. Voir le point 1.
Petit rappel au passage : il est inutile de faire un audit de conformité au RGAA (Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité) tant que tous ces critères ne sont pas respectés.
En complément, deux vidéos qui répondent à des idées reçues tenaces :
- Idée reçue : L’accessibilité c’est difficile à contrôler (vidéo sur PeerTube, 1 minute 30, téléchargeable)
- Idée reçue : L’accessibilité c’est difficile à contrôler (vidéo sur YouTube, 1 minute 30)
- Idée reçue : L’accessibilité, ça n’est pas la priorité (vidéo sur PeerTube, 1 minute 30, téléchargeable)
- Idée reçue : L’accessibilité, ça n’est pas la priorité (vidéo sur YouTube, 1 minute 30)
…on fait le « mode pompier »
- On informe les responsables sur la situation et les enjeux (voir la question « Qu’est-ce que je dis à ma hiérarchie pour les convaincre prendre en compte l’accessibilité numérique ? »).
- On fait un Diagnostic flash : des contrôles rapides ne nécessitant pas de compétences techniques.
- On fait tester le service par une personne handicapée (et on enregistre !).
- À partir de ce qui précède, on identifie les points bloquants et les victoires faciles, et on commence par ça.
- On vérifie que le prestataire à respecter les clauses du marché.
- On fait appel à un expert en accessibilité.
- On se forme, et on inscrit les formations dans un processus systématisé dans le temps (sinon, on va encore vous retrouvez ici dans peu de temps).
Sophie Drouvroy et Sélim Méziti sont experts accessibilité et travaillent avec l’équipe DesignGouv. Ils présentent les problèmes qu’ils peuvent rencontrer, les aides humaines et techniques auxquelles ils font appel et quelques-unes des bonnes pratiques à appliquer en vidéo :
- Comment organiser une visioconférence accessible ? (vidéo sur PeerTube, 2 minutes 20, téléchargeable)
- Comment organiser une visioconférence accessible ? (vidéo sur YouTube, 2 minutes 20)
Dans l’équipe DesignGouv, nous avons établi avec eux la liste suivante des points à respecter lors des visioconférences :
- Mettre la caméra et s’assurer d’avoir le visage clairement et entièrement visible (lecture labiale)
- Lancer la transcription sur son poste (détection des incompréhensions)
- Utiliser un casque micro (qualité et constance du son pour la transcription)
- Éteindre son micro quand on ne parle pas (moins d’interférences pour la transcription)
- Dire son prénom avant de parler (clarté de la transcription à la lecture)
- Épeler les sigles et le vocabulaire spécifique (pertinence de la transcription)
Se former
Merci de le demander ! Ateliers en présentiels à Paris, ateliers en visio si vous n’êtes pas en Île-de-France, formations en ligne, sans oublier le nouveau marché mis en place avec la Direction des achats de l’État : les solutions ne manquent pas !
Le marché de formation de la Direction des achats de l’État
Un marché permet de vous former au numérique... et notamment à l’accessibilité numérique.
Ce nouveau marché interministériel permet de dispenser des formations en présentiel, à distance et sous format hybride aux agents de l’État.
Les thématiques sont vastes. En plus de l'accessibilité, on trouve la cybersécurité, l'IA ou les systèmes d’exploitation.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur la page dédiée à ce marché de formation sur le site du Ministère de l’économie.
Les ateliers de formation DesignGouv
Les ateliers s’adressent exclusivement aux agents et salariés des services publics, et en priorité aux agents publics d’État. Ils ont lieu sur une journée (il ne s’agit donc pas d’acquérir une expertise). Ils se passent en comités d’une vingtaine de personnes pour faciliter les échanges. Ils ont lieu en présentiel dans le 7e arrondissement de Paris ; toutefois, nous proposons aussi des sessions spécifiques en visioconférence pour les agents éloignés de Paris. Les différents formats de nos ateliers de formation sont présentés sur notre site.
Pour être informé de l’organisation des sessions, deux solutions :
- Notre newsletter
- Notre compte Linkedin
La certification à la qualité web
La direction interministérielle du numérique finance, pour les agents et salariés du public, la formation en ligne certifiante Opquast, avec l’objectif de les doter d’un socle de règles, de compétences et de vocabulaire multidisciplinaires (référencement, sécurité, accessibilité, données personnelles, performance, écoconception).
Des campagnes de formation sont lancées régulièrement. Pour en bénéficier, contactez-nous à formation@design.numerique.gouv.fr.
Les formations en ligne gratuites
Si vous travaillez dans le numérique public, il existe des formations en ligne vous permettant de vous former de manière autonome à l’amélioration des services en ligne.
Nous avons constitué une liste (lien ci-dessus) répondant à plusieurs critères :
- qualité de la formation ;
- en ligne (pas de présentiel) ;
- autonomie du participant ;
- simplicité de l’inscription (pas de marché, convention ou autre) ;
- gratuité (ou financement de la Direction interministérielle du numérique).
Cette liste n’est pas exhaustive. Elle concerne le design des services numériques, l’accessibilité numérique et le numérique responsable/écoconception.
Avec la réponse à cette question, vous allez épater vos collègues, et même au-delà.
On vous détaille tout ça dans notre article Captcha et accessibilité : Les personnes handicapées ne sont pas des robots !.
Quatre étapes simples pour une vaste question »:
- Déjà, on s’assure qu’on a bien besoin d’un PDF.
- Ensuite, pour commencer, on consulte notre Checklist pour créer un PDF accessible à partir d’un traitement de texte.
- Après, pour aller plus loin, la communauté beta.gouv propose également un guide PDF et accessibilité.
- Enfin, on s’assure avec une motivation renouvelée par tout ce qui précède qu’on a bien besoin d’un PDF.
Si vous utilisez InDesign, la société Atalan propose une notice Créer des documents PDF accessibles avec Adobe InDesign.
Et pour les cas les plus complexes, il existe des professionnels dont c’est le métier.
En voilà une bonne question !
Et voici pour la bonne réponse :
-
Un excellent article d’Anne-Sophie Tranchet sur l’accessibilité des émojis. Extrait :
Ainsi, pendant la pandémie, l’Organisation Mondiale de la Santé a par exemple twitté ce message : « Protégez-vous du #COVID19 : lavez-vous les 👐 avec du 🧼 et 💦 ». Les personnes voyantes auront probablement réussi à déchiffrer le texte mais les personnes utilisant un lecteur d’écran entendront la recommandation suivante : « Lavez-vous les mains ouvertes avec du savon et éclaboussures de sueur ».
-
Une vidéo rigoureuse et détaillée de la Lutine du web, qui aborde également le sujet de l’utilisation des symboles mathématiques pour du texte :
- Faux gras, caractères fantaisistes, abus d’émojis : le détournement des caractères Unicode, fléau pour l’accessibilité du web (vidéo sur PeerTube, 25 minutes, téléchargeable)
- Faux gras, caractères fantaisistes, abus d’émojis : le détournement des caractères Unicode, fléau pour l’accessibilité du web (vidéo sur YouTube, 25 minutes)
-
La transcription textuelle de la vidéo Faux gras, caractères fantaisistes, abus d’émojis : le détournement des caractères Unicode, fléau pour l’accessibilité du web est disponible sur son blog.
Extrait :
Les caractères utilisés aujourd’hui pour écrire de façon fantaisiste ne doivent pas être utilisés pour autre chose que ce pour quoi ils sont prévus, c’est-à-dire des mathématiques ! Et non, ce n’est pas aux lecteurs d’écran de s’adapter ! […] Concernant les émojis, on ne les utilisera surtout pas pour remplacer des mots, des chiffres, de la ponctuation. On évitera de les utiliser en début ou en milieu de phrase. On évitera également de les multiplier. En résumé : faire simple est souvent la meilleure des solutions !
Le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA) indique à plusieurs reprises la nécessité de proposer une « alternative » et que celle-ci soit « pertinente ».
Dans les 250 tests des 106 critères du RGAA, « alternatif » et « alternative » apparaissent 29 fois, « pertinent » et « pertinente » 21 (les deux n’étant pas toujours associés). Sont notamment concernés : images, catchas, titres, multimédia, tableaux, scripts, étiquettes, légendes, intitulés, contrôles de saisie…
L’exemple type est celui de l’image : que proposer à une personne aveugle ou malvoyante ?
-
Si l’image est décorative, on ne propose aucune alternative : ce ne serait que du bruit inutile (littéralement dans le cas d’un lecteur vocal) dans la navigation du site.
Dans ce cas, il faut que, dans le code (qui apparait en cliquant droit sur l’image et en sélectionnant « inspecter »), l’alternative
alt
à l’imageimg
soit videalt=”“
; s’il n’y a pas d’alternativealt
, le lecteur d’écran lira le nom de l’imagesrc=”n0m_1mb1t4bl3_4_b4s3_d3_ch1ffr3s_3t_d3_l3ttr3s”
, ce qui constitue aussi du bruit (désagréable). -
Si l’image est porteuse de sens, il faut proposer une alternative.
- S’il s’agit d’une image simple, l’alternative
alt
à l’imageimg
doit être renseignée dans le code. -
S’il s’agit d’une image complexe (par exemple un schéma ou un graphique élaboré), l’alternative
alt
à l’imageimg
est laissée videalt=”“
dans le code : l’alternative est proposée clairement (par exemple un lien ou un accordéon) à proximité de l’image.Ça n’est pas le sujet ici, mais tant qu’on vous tient : sur les schémas et graphiques aussi les informations ne doivent pas être véhiculées que par la couleur (il est possible d’ajouter des flèches et des textures par exemple) et les contrastes entre éléments et avec l’arrière-plan doivent être respectés. Un exemple au hasard : que penseraient les personnes malvoyantes et daltoniennes d’une carte de France en rouge-orange-vert en fonction des restrictions de sorties dans le cadre d’une pandémie ?
- S’il s’agit d’une image simple, l’alternative
-
Si une alternative est nécessaire, celle-ci doit être pertinente. Une alternative pertinente n’est pas une description, c’est la transmission des informations importantes et nécessaires pour la compréhension. L’alternative d’un graphique ne sera pas une description des formes et des couleurs, mais sera une liste d’éléments associés à des chiffres.
Prenons un exemple : une photo, l’accueil d’un dignitaire étranger par le président de la République, sur le perron de l’Élysée. Quelle serait l’alternative à cette image ?
- S’il s’agit d’une image décorative : l’alternative
alt
à l’imageimg
est laissée videalt=”“
- S’il s’agit d’une information journalistique sur une rencontre diplomatique : les protagonistes sont présentés, les éléments jugés pertinents de la scène sont décrits - vous débattrez ensuite avec votre auditeur RGAA de l’importance de dire que l’un à la main rouge et le sourire crispé tellement l’autre sert fort.
- S’il s’agit d’un site sur les uniformes de l’armée : les soldats de la Garde républicaine de part et d’autre du perron sont détaillés, le serrage de main central peut être ignoré.
- S’il s’agit du site du vendeur de tapis : le tapis rouge, sa dispositions sont décrits.
- Etc.
- S’il s’agit d’une image décorative : l’alternative
Quel que soit le média ou l’élément, le principe reste le même. C’est une des raisons pour lesquelles les tests automatiques ne sont pas en mesure de contrôler les critères du RGAA dans leur intégralité.
Éviter les pièges
En vrai, cette question, on ne nous la pose pas et c’est bien tout le problème. Par conséquent, vous aurez quand même la réponse, en deux versions : une courte et une moins courte.
-
Réponse courte :
Répétez auxdits marchands les deux mots suivants : “Non, merci.".
-
Réponse moins courte :
Répétez auxdits marchands les deux mots suivants : "Non, merci." puis renvoyez-les par politesse sur notre article « Overlays, la Commission européenne en remet une (sur)couche » que vous aurez préalablement lu.
Éh bien, vous avez bien fait de vous arrêter par ici quand même, même si ça risque de bousculer vos certitudes.
Aucun outil automatique ne peut réaliser un audit de conformité Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA). Le RGAA est composé de 106 critères faisant l’objet de 250 tests, et seuls environ 25 % de ces tests peuvent être évalués automatiquement - sans jamais recouvrir un seul critère dans sa totalité.
Un bon exemple pour expliquer que les tests ne sont pas automatisables, c’est l’évaluation de la « pertinence » (21 occurrences dans le RGAA). Pour davantage d’éléments, vous pouvez aller voir la réponse à la question « C’est quoi, une alternative pertinente ? ».
Les outils de tests automatiques de l’accessibilité peuvent être une bonne aide… pour les experts qui savent les manipuler.
C’est bien… mais ça n’est pas suffisant. Nous conseillons donc une sérénité modérée matinée d’une inébranlable volonté de vérification et d’amélioration.
Pour les sites de l’État, le Système de design de l’État (mieux connu sous le nom de DSFR) fournit un ensemble de composants réutilisables, ergonomiques et accessibles… mais ça n’est pas suffisant ! Des matériaux de qualité et aux normes ne garantissent pas une maison de qualité et aux normes (même si ça aide).
Et puis, par exemple, votre site a beau être au DSFR - voire conforme au Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité - si des contributeurs non formés saisissent du contenu, il est certain qu’il y aura rapidement des problèmes (alternatives pertinentes aux images, liens clairs, contrastes de couleur, sémantique, etc.).
Deux petites choses : un petit indice et un petit exemple.
Petit indice
…nous avions traité cette question sous l’angle d’une idée reçue :
- Idée reçue : Je n’ai pas d’utilisateurs handicapés (vidéo sur YouTube, 1 minute)
- Idée reçue : Je n’ai pas d’utilisateurs handicapés (vidéo sur PeerTube, 1 minute, téléchargeable)
Petit exemple
Imaginons que vous travailliez sur un service en ligne administratif s’adressant à des personnels sélectionnés, recrutés pour leurs capacités physiques, et entraînés régulièrement. Imaginons que vous en déduisiez notre interrogation d’origine : « Je n’ai pas d’utilisateurs handicapés, suis-je concerné par l’accessibilité numérique ? ». Nous aurions alors quelques questions :
- Que se passe-t-il si une personne a un accident donnant lieu à un handicap temporaire ou permanent ?
- Il faut l’admettre : même les personnes recrutées pour leurs capacités physiques et entraînées vieillissent.
- Le service en ligne s’adresse-t-il exclusivement au personnel en activité ? exclusivement au personnel de terrain ? (dans le cas contraire, l’idée de capacité physique ne s’applique pas).
- Tous les types de handicap sont-ils contrôlés et rédhibitoires ? Par exemple, est-ce que le daltonisme empêche de faire partie des forces de l’ordre ?
- Sait-on vraiment qui utilise le service en ligne ? Il n’est pas rare que ce soient les conjointes et conjoints qui se chargent des démarches administratives.
- N’y a-t-il pas des cas particuliers ? Est-ce qu’une personne aveugle ayant développé son ouïe de manière exceptionnelle ne serait pas pertinente dans un centre d’analyse de bandes sonars enregistrée dans les sous-marins ?
Le fait de ne pas connaître tous ses usagers et tous ses cas d’usage n’est pas un problème. Le fait de croire qu’on les connaît si. Posez-vous la question, renseignez-vous et faites appel à des professionnels de la recherche utilisateur (c’est un métier).
Un dernier exemple parce qu’il est difficile d’y résister : une personne aveugle peut-elle être amenée à demander une carte grise ?
Bon, vu que vous êtes ici, vous vous doutez que la réponse est oui : parce qu’on le fait pour quelqu’un d’autre, parce qu’on achète une voiture pour la prêter à des proches, parce qu’il s’agit d’une voiture d’entreprise qu’on ne sera pas amener à conduire, parce qu’on a subi une opération et ça va s’arranger, etc. etc. etc.
Et, dans tous les cas, la loi s’applique.
Falc, c’est pour « Facile à lire et à comprendre ». La page « Outils de création pour rendre l’information et la communication accessibles » du site info.gouv.fr présente la démarche de la manière suivante (extraits) :
Initialement destiné aux personnes porteuses de déficiences intellectuelles, la méthode Falc profite finalement à un public bien plus large. Personnes malvoyantes du fait de l’âge ou d’un handicap, personnes maîtrisant mal le français, personnes peu familières avec l’administratif…
La méthode Falc repose sur 5 règles : 1. Des informations présentées dans un ordre logique, 2. Un niveau de langage simplifié constitué de mots courants, sans jargon ni métaphore, 3. Des phrases courtes (pas plus de 12 mots) et ne contenant qu’une seule idée, 4. Des images et des pictogrammes pour améliorer la compréhension du texte, 5. Une mise en page adaptée et une police facilement lisible par tous.
Ces cinq premières cases cochées, la méthode prévoit une relecture systématique des documents Falc par une personne en situation de handicap intellectuel conformément au principe du « n’écrivez jamais pour nous sans nous ».
Le Falc est donc l’application d’une méthode de traduction - et non pas uniquement le fait d’écrire clairement et simplement (ce qui devrait être toujours le cas).
La version d’un texte traduite en Falc est donc, comme le nom l’indique, plus facile à lire et à comprendre pour certains publics. À ce titre, l’importance du Falc est cruciale. Elle n’est cependant pas plus facile à lire et à comprendre pour tout le monde : elle ne doit donc pas remplacer le texte d’origine (qui doit être claire et simple dans tous les cas), mais être proposé comme alternative. Et oui, dans ce cas, c’est mieux.